Dépendance à la morphine chez les fourmis

Alain Lenoir Mis à jour 03-Jul-2018

Epingle 1131 Fourmilière et dépendance (Alain Fraval de l'OPIE)
"Soit deux échantillons d’ouvrières de Camponotus floridanus (Hym. Formicidé), fourmi charpentière nord-américaine. Les deux lots sont abreuvés d’eau sucrée, de moins en moins sucrée. Un des lots « bénéficie » en outre d’une petite dose constante de morphine. Au 5e jour, les fourmis sont à l’eau pure. On leur offre alors le choix entre une solution sucrée et une solution de morphine. La plupart des individus morphinés vont boire la solution morphinée. Les ouvrières sustentées au sucre pur vont vers le sirop sucré.
Puis les crânes de tout ce petit monde sont ouverts et les cerveaux soumis à une analyse par chromatographie en phase liquide. Chez les toxicos, la concentration en dopamine, neuromédiateur associé à la récompense et au plaisir - est plus forte.
Marc Seid et ses collaborateurs (université de Scranton, Pennsylvanie, États-Unis) ont mis ainsi en évidence pour la première fois l’auto-administration de la drogue pure par un insecte, sans apport calorique. On avait déjà créé des drosophiles alcooliques mais dans ces études, la substance était associée avec du sucre.
Autre nouveauté de ce travail, l’utilisation d’un insecte eusocial, dans l’espoir de pouvoir se servir des fourmis pour des expérimentations sur la diffusion de la toxicomanie chez les gens. Les rats, habituels outils des travaux sur l’effet des substances psycho-actives et addictives sont des solitaires et les Homo sapiens sont exclus a priori de ce genre de manip.
Au programme de M. Sied, sur les fourmis, le repérage des neurones activés par la dopamine dans le cerveau et la construction d’un modèle informatique du réseau social pour tester l’influence de la dépendance sur les liens entre congénères.
D’après, notamment, « Addict Ants Show That Insects Can Get Hooked on Drugs, Too », lu le 21 septembre 2016 à www.smithsonianmag.com/
"

Voir
- Entler, B. V., J. T. Cannon and M. A. Seid (2016). Morphine addiction in ants: a new model for self-administration and neurochemical analysis. The Journal of Experimental Biology 219(18): 2865-2869. 10.1242/jeb.140616