La reconnaissance de soi (self recognition)   


Mis à jour le 22-fév-23

La reconnaissance de soi devant le miroir est bien connue chez les singes (test de la tâche sur le visage mis au point par Gordon Gallup Jr en 1970), les éléphants d'Asie, les dauphins, les orques et les oiseaux (pies), les perroquets gris du Gabon et même plus récemment chez la raie (Sc Avenir 2016) et des labres nettoyeurs (cichlidés).

          

Elle pourrait exister chez les fourmis Myrmica marquées avec une tache de peinture sur le clypéus qui devant un miroir essaient de se toiletter, ce qui n’apparait pas sans le miroir. De plus, les très jeunes fourmis ne le font pas (Cammaerts and Cammaerts 2015) Voir MC Cammerts. Dommage que ce soit publié dans une revue peu connue. J'imagine que les grandes revues n'ont pas osé publier cet article... Sylla de Saint Pierre écrit dans son livre "Dans le secret des abeilles" : " En 2015, un couple de passionnés des insectes sociaux fait passer le test du miroir à des fourmis X, avec succès semble-t-il, bien que des travaux plus approfondis soient nécessaires pour une confirmation scientifique. Rêvons : si les fourmis ont conscience d'elles-mêmes, alors leurs proches et brillantes cousines les abeilles... ?  (Roger et Marie-Claire Cammaerts, docteur aujourd'hui retraitée du département de Biologie des organismes à l'Université Libre de Bruxelles)." Voir aussi Adoxa 2021 qui parle de cette expérience.

Photos de l'article. C la fourmi se toilette pour enlever la tâche qu'elle voit dans le miroir, F elle ne voit pas la tâche et ne se toilette pas (bon, pas très évident !!) Voir plus sur le CV de MCC

      

Attention, ce fait est différent de la reconnaissance de sa propre identité chimique comme cela a été montré chez le grillon Gryllodes sigillatus qui perçoit en permanence son cocktail d’hydrocarbures cuticulaires personnel pour les comparer à celui d’un partenaire sexuel éventuel (Capodeanu-Nägler et al. 2014). Les fourmis en situation de contact avec un autre individu comparent aussi leur propre cocktail chimique avec celui du partenaire.

Horowitz (2017) propose l'idée d'un miroir olfactif chez le chien qui passe plus de temps devant un récipient avec son odeur. Gallup (2018) conteste complètement cette idée et dit qu'il s'agit d'une simple reconnaissance de son odeur. Il conteste aussi les conclusions des tests de reconnaissance devant le miroir pour tous les animaux autres que les chimpanzés et évidemment ceux de Cammaerts sur les fourmis. Qu'en est-il réellement ? Affaire à suivre .. Alex Jordan (Max-Planck à Constance) vient de faire des tests avec des labres nettoyeurs et dit qu'ils reconnaissent leur image dans un miroir. C'est très controversé, en particulier par Gallup, toujours lui, mais intéressant (Herzberg 2018). De nouveaux tests à Osaka confirment cette reconnaissance de soi chez le labre (Herzberg 2023).

On va toujours vers plus de facultés mentales chez les animaux.

Voir
- Cammaerts, M. C. and R. Cammaerts (2015). Are ants (Hymenoptera, Formicidae) capable of self recognition? Journal of Science 5: 521-532.

- Capodeanu-Nägler, A., J. Rapkin, S. K. Sakaluk, J. Hunt and A. Steiger (2014). Self-recognition in crickets via on-line processing. Current Biology R1117: 2.
- F.G. La raie se regarde dans le miroir. Science et Avenir, mai 2016. Pdf
- Gallup Jr, G. G. (1970). Chimpanzees: self-recognition. Science 167, 86–87. Science 167: 86-87.
- Gallup, G. G. and J. R. Anderson (2018). The “olfactory mirror” and other recent attempts to demonstrate self-recognition in non-primate species. Behavioural Processes 148: 16-19. https://doi.org/10.1016/j.beproc.2017.12.010
- Herzberg, N. (2018). Un poisson trouble le test du miroit. Le Monde Science et Médecine 25-26 décembre 2018.
- Herzberg, N. (2023). Un poisson réussit le test du miroir. Le Monde Science et Médecine 22 février 2023. p. 8.
- Horowitz, A. (2017). Smelling themselves: dogs investigate their own odours longer when modified in an olfactory mirror test. Behav. Proc. 143: 17-24.