Les plantes et les fourmis
Alain Lenoir mis à jour 11-Mar-2025
Les plantes sont souvent associées à des fourmis, depuis des associations facultatives (consommation, habitat) jusqu’aux associations obligatoires que l’on appelle symbiotiques.
Quelques définitions 
  : 
  - Mutualisme : Relation qui apporte des bénéfices aux deux partenaires
  - Symbiose : Relation mutualiste permanente entre deux organismes
  - Myrmécophytes : plantes supérieures qui entretiennent une relation 
  mutualiste obligatoire avec des fourmis
Ce texte correspond en grande 
  partie à des conférences grand public sur les relations plantes 
  - fourmis. Pour 
  voir toutes les diapos
  Voir le livre de Pierre 
  Jolivet "Les fourmis et les plantes" (1986) et la synthèse 
  qu'il a fait en 1991. 
  Voir une belle synthèse par Luc Passera : Les arbres à fourmis. 
  Futura 
  Science 4 mars 2012. 
  Et une synthèse complète : The 
  Ecology and Evolution of Ant-Plant Interactions, Victor Rico-Gray et Paulo 
  S. Oliveira, Chicago University Press 2007. Tout y est..

Fourmis et plantes, un amour préhistorique selon Christophe Josset de l'Express (2018). Un énorme travail de Corie Moreau et collaborateurs qui ont comparé les différences d'ADN de deux groupes d'organismes : 1 700 espèces de fourmis et 10 000 catégories de plantes. Les analyses montrent que leur entraide est bien plus ancienne que prévue : ses prémices remontent à l'époque du mésozoïque, c'est-à-dire entre 66 et 250 millions d'années avant notre ère ! "Chez les fourmis qui misent beaucoup sur les plantes, nous avons même établi un ordre d'apparition progressif de leur dépendance : d'abord les prédatrices se nourrissent occasionnellement de végétaux, puis leur régime évolue à force [pour devenir omnivore voire herbivore], avant de s'en faire finalement un nid", détaille Matthew P. Nelsen. Il a fallu attendre quelques dizaines de millions d'années plus tard pour que les plantes s'y adaptent et s'accommodent finalement de leurs visiteurs. Chacun à son rythme, comme dans un vieux couple. "Les fourmis ont commencé par chercher de la nourriture dans les arbres, ont incorporé les plantes à leur alimentation, et à partir de là, ont commencé à vivre dans les arbres", souligne Corie Moreau (Nelsen et al 2018, voir Josset 2018).
Céline Leroy. Les animaux et les plantes peuvent-ils s’entraider ? , theconversation 10 octobre 2023. Article très intéressant sur le mutualisme entre plantes et pollinisateurs, les fourmis qui protègent les plantes.
 1) 
  Associations facultatives
  Nids dans les plantes
  De nombreux arbres et arbustes et même des petites plantes sont utilisés 
  par les fourmis pour nidifier : trous dans le tronc, galles, épines, 
  branches creuses. En régions tropicales des espèces de fourmis 
  opportunistes construisent de grands nids en carton ou en terre sur les arbres 
  (attention, ce sont souvent aussi des termites). Elles élèvent 
  des homoptères producteurs de sève (voir plus loin).
  Il s’agit d’associations non spécifiques : une espèce 
  de fourmis peut s’installer sur n’importe quel végétal 
  si les conditions sont favorables. 
  On connaît des espèces avec individus « portiers » 
  à tête élargie pour boucher l’entrée du nid 
  (Colobopsis truncatus dans nos régions).
  Lasius fuliginosus fréquente chez nous forme un nid en carton 
  (fibres végétales mâchées comme les guêpes) 
  dans une cavité d’arbre.
  Les fourmis charpentières vivent dans des galeries du bois mort qu’elles 
  agrandissent. Chez nous il y a Camponotus vagus qui ne fait pas de 
  dégâts. Ce n’est pas le cas d’autres fourmis charpentières 
  en Amérique du Nord qui peuvent attaquer des charpentes. 
Passiflore 
  et héliconius
  Didier Van Cauwelaert, dans 
  "Les 
  émotions cachées des plantes" Plon (2018) :
  "Mais il 
  est un cas de figure encore plus saisissant, c'est celui où la plante 
  développe une action solidaire au bénéfice d'un de ses 
  prédateurs, dont elle a su maîtriser les nuisances tout en récupérant 
  à son profit l'énergie qu'elle a puisée dans son processus 
  de riposte. C'est la fascinante histoire de la passiflore et du papillon héliconius. 
  Au sein de leurs cinq cents espèces respectives, depuis des dizaines 
  de millions d'années, leur numéro de duettistes fonctionne de 
  la même manière... Premier temps : le lépidoptère 
  pond ses oeufs sur les plus jeunes feuilles de la plante grimpante, afin que 
  ses chenilles trouvent en naissant une nourriture encore comestible. Donc, la 
  passiflore, si elle se laisse faire, va perdre ses nouvelles pousses et ne sera 
  plus à même de lan-cer ses vrilles à l'assaut des supports 
  voisins en vue d'épanouir ses fleurs. Alors, pour tromper le papillon, 
  elle déguise ses jeunes feuilles en leur donnant la forme de celles de 
  certaines plantes auxquelles elle s'agrippe pour grimper. Des feuilles dont 
  elle choisit l'apparence en fonction d'un critère invariable : elles 
  ne sont pas digérables par les chenilles de l'héliconius, qui 
  le sait. Une fois parvenue au stade de lumière idéale, en haut 
  de ses tuteurs, la passiflore fabrique ensuite ses vraies feuilles, lesquelles 
  sécrètent une substance dont raffolent les fourmis. Celles-ci, 
  dès lors, avec leur redoutable agressivité, vont empêcher 
  le papillon de venir pondre dans leur assiette. Sauf que... au fil des siècles, 
  l'héliconius a su percer le stratagème et le contrer. Une de ses 
  paires de pattes, nous explique Jean-Marie Pelt dans La Raison du plus faible, 
  est devenue chimiquement sensible aux feuilles de passiflore, qu'il est donc 
  désormais capable de reconnaître en dépit de leur camouflage. 
  Comment la plante va-t-elle réagir à cette perte d'incognito ? 
  En dotant ses feuilles de petites boules jaunes simulant à la perfection 
  les oeufs de ce papillon. L'arrivant croit donc qu'un de ses congénères 
  l'a pris de vitesse, et il va pondre ailleurs, pour éviter la surpopulation 
  qui priverait sa progéniture d'une nourriture suffisante. Ailleurs, c'est-à-dire 
  sur l'une des feuilles « libres » que lui laisse la passiflore, 
  prête à sacrifier, semble-t-il, un certain nombre de ses jeunes 
  pousses dès lors que son développement global n'est plus menacé." 
  
 Élevage 
  de pucerons, cochenilles et autres homoptères. 
  Les fourmis sont très attirées par le sucre. Une source de sucre 
  (et d’acides aminés) est le miellat des pucerons. 
  Ceux-ci piquent l’écorce des végétaux et pompent 
  la sève. Ils en absorbent beaucoup trop et rejettent l’excédent 
  (90%) par l’anus ; c’est le miellat. Les pucerons sont protégés 
  par les fourmis contre les prédateurs comme les coccinelles et certains 
  parasites. Par exemple, un travail récent a montré que le taux 
  de super-parasitisme (parasites de parasites) diminue considérablement 
  en présence des fourmis Lasius 
  niger (Sanders and van Veen 2010). Les fourmis vont limiter la dispersion 
  des pucerons en coupant les ailes des formes ailées ou par action chimique 
  (les secrétions des glandes mandibulaires des fourmis inhibent le développement 
  des ailés). De même, les formes aptères se déplacent 
  moins en présence des fourmis (Oliver et al. 2007). Cela permet une plus 
  grande production de miellat. Les pucerons et autres « bétail » 
  peuvent être déplacés en hiver ou lors des migrations. Les 
  fourrageuses se spécialisent dans l’exploitation d’un groupe 
  de pucerons, on peut ainsi parler de véritables « troupeaux » 
  avec leurs bergères (Ebbers and Barrows 1980). Il s’agit donc d’un 
  véritable élevage. Elles sont parfois aussi adaptées à 
  leurs fourmis et ne rejettent une gouttelette de miellat que lorsque les fourmis 
  les sollicitent. Certaines espèces de pucerons ne sont élevées 
  qu’en présence de leur fourmi hôte et sont reconnues comme 
  telles grâce à leur odeur qui mime celle des fourmis, ce sont des 
  hydrocarbures de la cuticule. C’est le cas d’un puceron de la tanaisie, 
  Macrosiphoniella fuscoviride, par Lasius niger (petite fourmi 
  noire des jardins, très courante) (Völkl et al. 1999). D’autres 
  espèces ne sont pas mutualistes et sont mangées par les fourmis. 
  Il n’y a pas que les hydrocarbures qui permettent la reconnaissance : 
  les Lasius niger sont attirés par des odeur volatiles des bactéries 
  Staphylococcus xylosus des pucerons (Aphis fabae) 
  (Fischer et al. 2015). 
  On considère souvent les fourmis comme néfastes car la plante 
  est affaiblie par les pucerons trop nombreux. Mais le bilan est plutôt 
  considéré positif actuellement car il y a prédation de 
  nombreux insectes. En fait, le système est complexe : si on place des 
  filets sur les rosiers pour empêcher le développement du puceron 
  du rosier on diminue le nombre de fourmis.
Les 
  fourmis rousses dans nos forêts qui forment les grands 
  dômes d’aiguilles et branchettes élèvent de nombreux 
  pucerons mais détruisent de nombreux insectes phytophages. Ces fourmis 
  rousses sont protégées en Suisse. On les a transplantées 
  en Italie dans les années 1960, mais avec un succès mitigé. 
  Il y a actuellement un problème, leur population diminue très 
  fortement, par exemple en Touraine sans que l’on sache pourquoi. Dans 
  les forêts du Colorado les ours ouvrent les fourmilières d'une 
  fourmi des bois Formica pour se nourrir des fourmis et des larves, 
  ce qui tue la colonie. Des arbustes voisins ne sont plus exploités par 
  les hémiptères protégés par les fourmis et peuvent 
  alors de développer mieux (Grangier 2015; Grinath et al. 2015). 
  
  Récolte et dispersion des graines
  La myrmécochorie (du grec 
  Myrmecos = fourmi et Chor = porter, disséminer) est une méthode 
  de dispersion des graines particulièrement efficace.
  Tout le monde connaît les fourmis moissonneuses qui font de longues pistes 
  ramenant au nid des graines en région méditerranéenne. 
  Ces fourmis moissonneuses habitent en région semi-aride : Messor 
  chez nous dans le sud (ne piquent pas), Pogonomyrmex en Amérique 
  (piqûre douloureuse). Un cercle autour du nid marque la limite où 
  sont rejetées les graines non consommées.
  Dans nos régions, en forêt, certaines graines ont un élaiosome 
  (partie pulpeuse riche sucres, protéines et surtout en graisses attractives 
  pour les fourmis) ; elles sont rapportées au nid (violette, cyclamen, 
  mélampyre, chélidoine, euphorbe, anémone hépatique..). 
  L’élaiosome est consommé, puis la graine est rejetée, 
  ce qui contribue à sa dissémination. On parle de myrmécochorie 
  : mode de dispersion des graines par les fourmis. Il existe de nombreuses espèces 
  de graines avec élaiosome, de couleurs et formes très variées 
  (au moins 11 000 espèces de plantes adaptées pour la myrmécochorie). 
  En forêt de Compiègne Formica polyctena disperse diverses 
  graines plus ou moins rapidement, ce sont les graines de chélidoine et 
  de mélique à fleur qui le sont le plus rapidement. Carex pilulifera, 
  Hyacinthoides non-scripta, Allium ursinum, Anemone nemorosa et Colchicum 
  autumnale  sont moins rapidement collectées. Les graines de Paris 
  quadrifolia sont les seules à ne pas être transportées 
  (Delatte et Chabrerie 2007).
  En Afrique du Sud certaines espèces de plantes endémiques à 
  élaiosome sont dispersées par des fourmis locales. La fourmi 
  d’Argentine invasive détruit ces fourmis, mais elle ne récolte 
  pas ces graines donc les plantes sont menacées de disparition. En fait, 
  la dissémination des graines se fait à courte distance, en moyenne 
  2 mètres seulement (avec un maximum de 180m quand même !) (Gómez 
  and Espadaler 2013).
  En Australie il y a Rhytidoponera metallica qui disperse les graines 
  d'arbres pourvues d'un élaiosome, mais un phasme entoure ses oeufs d'une 
  substance mimant un élaiosome, les oeufs sont alors ramenés au 
  nid où ils vons se développer (Kerner 2018, p. 65).
  Voir 
  la myrmécochorie en 
  Nouvelle-Calédonie, dans la thèse de Le 
  Yannou-Cateine. 
  
  Lubbock en 1883 observait que des fourmis Lasius niger rapportent dans 
  leur nid des graines de violette "mais j'ignore dans quel but".
Selon Mille 
  milliards de fourmis : 
Rôle 
  des fourmis dans la pollinisation ? 
  Il est très faible, pourtant les fourmis peuvent se nourrir du nectar 
  des fleurs. Seulement quelques rares cas sont connus (16 cas avérés, 
  par exemple Camponotus cruentatus avec les euphorbes). Il est possible 
  que la pollinisation soit empêchée par les substances antiseptiques 
  des glandes métapleurales qui pourraient tuer les grains de pollen. Certaines 
  plantes comme le Cytinus hypocistis sont malgré tout dépendantes 
  des fourmis pollinisatrices qui viennent récolter le nectar des fleurs 
  et sont attirées par les odeurs de la fleur (de Vega et al. 2014). Les 
  fourmis visiteuses transportent aussi des levures qui consomment les sucres 
  du nectar (transformés en alcool), ce qui diminue la qualité du 
  nectar et le rend moins attractif pour les fourmis (de Vega and Herrera 2012). 
  
Les plantes dopées par les bourdons. C'est fantastique : quand les fleurs de Brassica rapa (moutarde) sont visitées et pollinisées par des bourdons les plantes se portent mieux et ont une meilleure croissance, des fleurs plus parfumées et elles reflètent mieux les ultraviolets comparées à celle des mêmes plantes visitées par des syrphes peu pollinisateurs. Ces moutardes en présence de syrphes s'adaptent en augmentant l'autopollinisation (Le Monde 2017, article de Gervasi et al 2017).
Fourmis 
  fileuses tropicales Oecophylla. 
  Le nid est formé de feuilles « cousues » avec la soie des 
  larves. Il est composé de nombreux petits nids (+ de 150) sur les arbres 
  qui sont très défendus, il y a une seule reine. Ces fourmis sont 
  utilisées en Chine et au Vietnam pour protéger les cultures de 
  citronniers, en Afrique tropicale pour les noix de cajou, cocotiers et cacaoyers.
  Autre fourmi fileuse : Polyrhachis 
  qui fait des nids avec de la soie des larves et des morceaux végétaux 
  ou même de la terre. Une espèce est utilisée dans la pharmacopée 
  chinoise, élevée dans ce pays à grande échelle (des 
  milliers de fermes) et elle sert aussi d'aliment.
Jardins de fourmis sur les arbres en Amazonie : boule de terre sur laquelle poussent de nombreuses plantes comme des Broméliacées et où vivent souvent plusieurs espèces de fourmis. Ces plantes possèdent des nectaires et des corps nourriciers extra floraux qui attirent les fourmis, et produisent un nectar riche en sucres, acides aminés et nombreuses autres substances. Cela produit un véritable écosystème avec des creux où de l’eau s’accumule et toute une faune aquatique s’y installe. La plante récupère de l’azote provenant des cadavres d’insectes aquatiques. En Guyane les chercheurs étudient par exemple la broméliacée Aechmaea mertensii où vivent deux espèces de fourmis, Camponotus femoratus ou Pachycondyla goeldi. La plante change de phénotype selon la fourmi associée (Corbara 2011). Céline Leroy, Chargée de Recherches IRD à ECOFOG, Kourou, travaille sur les associations fongiques dans les racines des broméliacées et sur la transmission du microbiote (bactéries et champignons) des plantes mères vers leur descendance via les graines et plus récemment sur l'influence des fourmis sur les associations champignons / racines (Leroy et al 2022) : "Les jardins de fourmis sont reconnus comme l’un des mutualismes les plus sophistiqués entre des fourmis et des plantes à fleurs, et constituent de bons modèles pour étudier les interactions inter-règnes.Nous avons évalué si les deux espèces de fourmis initiant les jardins de fourmis, Camponotus femoratus et Neoponera goeldii, modifiaient les propriétés physico-chimiques de leurs nids en carton et affectaient la composition et les groupes fonctionnels des communautés fongiques dans les racinaires de la broméliacée Aechmea mertensii. La structure et la composition chimique du nid en carton et la diversité floristique des jardins de fourmis étaient différentes selon l’espèce de fourmis. La diversité et la composition des communautés fongiques racinaires dépendaient de l’identité de la fourmi alors que la diversité fonctionnelle était inchangée. De multiples facteurs biotiques et abiotiques peuvent donc modifier les communautés fongiques associées aux racines. Comme les bénéfices de l’interaction plantes-fourmis dépendent de l’espèce de fourmis, et comme les plantes sont également impliquées dans des interactions avec des endophytes racinaires, cette étude met en évidence l’importance des interactions inter-règnes dans la structuration des communautés fongiques racinaires."
Dans Gérard et les fourmis on parle des fourmis aériennes :
et de fourmis fabriquant du carton :
Selon Des 
  insectes en société : 
 Fourmis 
  consommatrices de plantes
  Certaines fourmis consomment des pétales de fleurs comme les cystes. 
  Une espèce endémique d’Andalousie est même spécialisée 
  et a pour cette raison été appelée Cataglyphis floricola.
Fourmis et peupleraies dans la vallée de la Garonne. Les interactions entre jeunes pousses de peuplier en serre et la fourmi Lasius niger (Corenblit et al 2023).
2) Associations obligatoires (= symbioses) entre plantes et fourmis
Plantes 
  à fourmis (myrmécophytes)
  Certaines plantes entretiennent des relations intimes avec les fourmis et forment 
  une véritable symbiose : hébergement des fourmis dans des cavités 
  foliaires ou caulinaires (appelées domaties) et nutrition à partir 
  de corpuscules (corps nourriciers – food bodies- riches en protéines) 
  ou de secrétions (nectar extrafloral riche en sucres fructose, glucose 
  et saccharose avec des acides aminés libres), parfois les deux. Dans 
  l’autre sens les fourmis protègent la plante contre les défoliateurs. 
  La fourmi apporte aussi des déchets azotés (cadavres des proies) 
  qui manquent à la plante (comme les plantes carnivores). Pour cette raison, 
  ces plantes importées et élevées en serre sans leurs fourmis 
  poussent mal. Sur ces arbres, les fourmis élèvent aussi souvent 
  dans les cavités des pucerons et autres hémiptères pour 
  leur miellat (voir plus haut). Les fourmis défendent leur plante hôte 
  contre les autres plantes comme les nombreuses lianes en forêt tropicale 
  : elles patrouillent à la base de l’arbuste et coupent les jeunes 
  pousses. Elles nettoient les feuilles pour éliminer les pathogènes 
  (champignons – voir plus loin), mangent les œufs des insectes herbivores 
  et repoussent les mammifères. La plante au début de son développement 
  produira peu de récompenses pour empêcher la croissance trop rapide 
  de la colonie de fourmis. Les fourmis sont aussi capables parfois de mutiler 
  leur plante-hôte pour l’empêcher de fleurir et produire plus 
  de corps nourriciers. Mais la plante peut se venger de cette castration et produit 
  des poches foliaires (nids des fourmis) plus petits et moins de corps nourriciers 
  ce qui limite le développement de la colonie de fourmis. Ainsi s’établit 
  un équilibre entre la plante et ses hôtes (Fay 2013; Malé 
  et al. 2013). Voir revue de (Quintero et al. 2013) et Dejean et al (2007) sur 
  les fourmis de la canopée tropicale.
Autres exemples : les couilles du diable en Asie et îles d'Australie, les fourmis Azteca en Amazonie.
Les plantes à fourmis sont souvent présentes dans les serres tropicales comme au jardin botanique de Nancy. Hélas, les fourmis associées ne sont pas présentes. Si on demande aux responsabless ils disent ne pas vouloir d'insectes qui risquent d'être invasifs... No comment. Pourtant à Nancy on trouve la fourmi Tapinoma melanocephalum, hyper-invasive.
De très nombreux cas de mutualisme plante-fourmis sont connus en zone intertropicale : plus de 100 genres d’Angiospermes et 40 genres de fourmis. Dans nos régions cela n’existe pas.
Divers organismes peuvent profiter du sytème comme des mouches prédatrices des fourmis. Voir Pièges de mouches
Les jardins de fourmis selon 
  Fred et Jami (C'est 
  pas sorcier - Les fourmis) : 
Selon Gérard 
  et les fourmis de Paul Reboux (Flammarion 1932) : 
Medecine man. Film de John Mc Tiernan (1992) met en scène un botaniste qui cherche à extraire un médicament contre le cancer d'une plante de la forêt tropicale. La molécule n'est en fait pas produite par la plante mais par les fourmis qui vivent en association avec elle.
 Jardins 
  du diable
  En Amazonie on connaît des surfaces où vit une seule espèce 
  d’arbuste (Duroia hirsuta) avec sa fourmi (Myrmelachista 
  schumanni) qui détruit les plantules des autres plantes avec l’acide 
  formique. La fourmi mord la plantule et y dépose une goutte d’acide 
  provoquant la nécrose de la feuille en quelques heures. Ces jardins sont 
  très stables, on en connaît qui ont 800 ans et 350 arbustes. Il 
  y a une seule colonie avec trois millions d’ouvrières et 15 000 
  reines (Frederickson et al. 2005). Pour 
  en savoir plus
 Arbre 
  à la femme adultère 
  Les arbres Barteria en forêt tropicale hébergent Tetraponera 
  une fourmi à piqûre très douloureuse. Les femmes adultères 
  étaient autrefois attachées sur cet arbre au Cameroun. Pour 
  en savoir plus
 Les 
  arbres acacias 
  sont myrmécophytes. Ils hébergent des Crematogaster (Afrique) 
  ou des Pseudomyrmex (Amérique) qui les protègent contre 
  les défoliateurs, par exemple girafes et éléphants en Afrique. 
  Des études ont été conduites au Kenya où le nombre 
  d’éléphants a cru de 5 fois depuis 1992 : quand les fourmis 
  sont expulsées avec de la fumée, les acacias sont mangés 
  par les éléphants et un peu par les girafes. La symbiose fourmis 
  - plantes est donc un élément important dans le maintien de la 
  savane (Anonyme 2010; Goheen and Palmer 2010).
  D’autres Pseudomyrmex 
  comme P. gracilis sont parasites du système et colonisent l’acacia 
  sans le défendre.
  La flore bactérienne 
  des feuilles change significativement selon le type de Pseudomyrmex 
  ou si les mutualistes sont artificiellement enlevées. Dans ce cas les 
  feuilles sont plus attaquées par des pathogènes comme des champignons. 
  Les bactéries des pattes des fourmis semblent jouer un rôle indirect 
  dans cette protection (González-Teuber et al. 2014).
Cecropia et Azteca en Amérique : invention du velcro. En Guyane, la symbiose entre les fourmis du genre Azteca et l'arbre Cecropia (ou bois canon, ou parasolier) est fréquente. Les fourmis logent dans les entre-nœuds de la plante. Les chambres ont des fonctions déterminées : pouponnière, réserve de nourriture, salle de repos, décharge.
La fourmi utilise le principe 
  du Velcro pour s'agripper fermement aux feuilles du Cecropia et pouvoir 
  ainsi capturer de très grosses proies. Les fourmis de cette espèce 
  ne se nourrissent pas à partir de corps nourriciers fournis par l'arbre 
  en plus du logement, mais ont mis au point une stratégie de chasse reposant 
  sur une organisation sociale très élaborée. Les ouvrières 
  se postent côte à côte sous la bordure des feuilles de l'arbre 
  et attendent dans cette position d'éventuelles proies qui viendraient 
  se poser pour trouver un abri ou attaquer les feuilles de l'arbre. Dans cette 
  position, les fourmis s'agrippent solidement aux feuilles grâce au principe 
  du Velcro. En effet, la face inférieure des feuilles présente 
  une ramification de longs poils qui constitue la partie «velours» 
  sur laquelle s'accrochent les griffes des ouvrières formant la partie 
  «crochets». Grâce à ce principe, une fourmi peut maintenir 
  jusqu'à plus de 5 000 fois son poids. Un groupe d'ouvrières peut 
  capturer de très grosses proies, la plus grosse rencontrée étant 
  un criquet de 18,6 g soit 13 350 fois le poids d'une ouvrière (Dejean 
  et al. 2010). Les Azteca sont 
  aussi capables de capturer les proies sur leur nid comme les Allomerus. 
  On les appelle fourmis 
  tortionnaires. 
  Les fourmis Azteca qui vivent en symbiose avec les Cecropia 
  (parasoliers) . 
Chaque chambre de la domatie a un microbiome particulier et différent de celui du milieu environnant et les Azteca maintiennent une propreté excellente, surtout autour du couvain. En revanche, elles ne s’occupent pas des agents de maladies pouvant affecter le parasolier ; de ce point de vue, elles ne le protègent pas (Lucas et al 2019). Voir Une leçon de propreté.
Céline Leroy. Les animaux et les plantes peuvent-ils s’entraider ?, theconversation 10 octobre 2023. Article très intéressant sur le mutualisme entre plantes et pollinisateurs, les fourmis qui protègent les plantes.
Le Cecropia, plante 
  à fourmis :    
 
 Pièges 
  à insectes (Hirtella / Allomerus)
  En Guyane les chercheurs ont beaucoup étudié un arbuste myrmécophyte 
  : Hirtella physophora qui ne dépasse pas deux mètres 
  en sous-bois. Les domaties à la base des feuilles hébergent une 
  petite fourmi prédatrice Allomerus decemarticulata. Elles creusent 
  des galeries dans les pétioles et les tiges et percent de très 
  nombreux trous où elles peuvent entrer et sortir. Les trous sont bâtis 
  avec les poils de la plante, des restes de proies et le système est renforcé 
  avec le mycélium d’un champignon spécifique Trimmatostroma 
  cordae. Cela fonctionne comme un piège : les fourmis guettant avec 
  la tête juste dans le trou et s’agrippant à la proie qui 
  se pose, pour la piquer (Dejean et al. 2005 - voir fourmis 
  tortionnaires). On a montré que le champignon est spécifique 
  et même d’un seul haplotype (ordre des Chaetothyriales) (Ruiz-González 
  et al. 2011). Le champignon permet aussi le transfert d’azote vers la 
  plante. C’est une symbiose tripartite complexe (Corbara 2011).  
 Fourmis 
  champignonnistes (fourmis parasol en Guadeloupe)   
  Ce texte est inspiré du livre sur les fourmis coupeuses de feuilles de 
  (Hölldobler and Wilson 2010) et de sa traduction en français (Hölldobler 
  and Wilson 2012)
  Les coupeuses de feuilles d’Amérique tropicale font partie de la 
  sous-famille des Attines avec 230 espèces. Elles ont inventé il 
  y a 50-60 millions d’années la culture des champignons sur compost 
  élaboré à partir de feuilles mâchées.
  Atta et Acromyrmex cultivent un champignon de type lépiote 
  avec des morceaux de feuilles, les larves sont nourries avec les mycotêtes 
  (= gondylidia ou choux-raves) du champignon (surtout hémicellulose, la 
  cellulose est peu digérée), les adultes se nourrissent simplement 
  avec la sève des feuilles. Le champignon ne fructifie presque jamais, 
  sauf si la colonie meurt. 
  Les nids comportent une seule reine inséminée jusqu’à 
  10 fois. Elle peut vivre jusqu’à 15 ans, elle pond en moyenne 20 
  œufs par minute, 10 millions par an.
  Les vols nuptiaux sont spectaculaires, regroupant des milliers de sexués 
  (fourmis volantes). La reine fécondée souvent par plusieurs mâles 
  va avoir une réserve de sperme pour toute sa vie. Elle emporte dans son 
  vol nuptial un fragment de mycélium pour fonder une nouvelle colonie 
  et démarrer sa culture.
  Le succès considérable de ces fourmis est lié à 
  la taille des colonies : plusieurs millions d’individus. Ceux-ci sont 
  de taille très variable (castes), et ont des tâches bien différenciées. 
  Celles que l’on voit sont les fourrageuses qui vont récolter les 
  feuilles. Elles s’organisent en brigades et travaillent à la chaîne. 
  Elles sont protégées par des soldats aux mandibules acérées.
  La fourmi et le champignon forment une véritable symbiose. Les ouvrières 
  reconnaissent leur propre souche de champignon et tout champignon étranger 
  est rejeté. Il y a un véritable apprentissage de l’odeur 
  de leur cultivar (Seal et al. 2012). Elles perçoivent même si les 
  feuilles sont nocives pour le champignon (par exemple traitées avec un 
  fongicide) et vont alors les éviter (Arenas and Roces 2016). Ces dernières 
  années on a découvert que la symbiose est bien plus complexe que 
  ce que l’on pensait. Des champignons parasites très virulents du 
  genre Escovopsis peuvent se développer dans la culture et tuer 
  la colonie rapidement. La réponse des fourmis a été de 
  domestiquer des bactéries du genre Pseudonocardia qui se trouvent 
  sur le corps de la fourmi et secrètent des antibiotiques. Ces bactéries 
  sont aussi emportées par la jeune reine fondatrice. Le système 
  est encore bien plus complexe avec des levures qui mangent les bonnes bactéries 
  ; et d’autres micro-organismes en cours de découverte. On vient 
  par exemple de trouver des bactéries fixatrices d’azote comme celles 
  qu’on trouve dans les racines de légumineuses. Il existe un véritable 
  « microbiome » bactérien dans la meule à champignon 
  où ce sont des bactéries qui digèrent les parois cellulaires 
  des plantes (Suen et al. 2010).
  Le nid souterrain est de la taille d’une maison. C’est une vraie 
  mégapole, il faut excaver 60 tonnes pour un nid complet âgé 
  de seulement 6 ans. Il se prolonge par de nombreux tunnels à 40-50 cm 
  sous la surface du sol, qui peuvent aller jusqu’à 90 mètres 
  et facilitent l’approche des arbres ou arbustes. Il peut s’étendre 
  sur un hectare. Voir une vidéo.
  Les fourmis champignonnistes ont aussi une flore bactérienne importante 
  dans leur estomac, mais elle est simple. Acromyrmex possède 
  principalement seulement 4 taxa bactériens (Wolbachia, Rhizobiales et 
  2 Entoplasmatales). Les Rhizobiales sont uniquement extracellulaires dans l’intestin 
  où elles forment des biofilms (ce qui les protège des antibiotiques 
  comme la tétracycline) et possèdent des protéines permettant 
  la fixation d’azote (Sapountzis et al. 2015). 
L’agriculture 
  chez les animaux
  L’agriculture n’est pas l’exclusivité des fourmis, 
  on a vu que certains termites aussi cultivent des champignons. On connaît 
  d’autres rares exemples comme les coléoptères scolytes qui 
  creusent un trou dans l’arbre à coloniser et cultivent un champignon 
  du genre Ambrosia dans les galeries. Les adultes et les larves se nourrissent 
  du mycélium (Farrellab et al. 2001). Des abeilles sociales trigones ont 
  aussi domestiqué des champignons qui vivent dans les alvéoles 
  où ils sont consommés par les larves (Menezes et al. 2015). Très 
  récemment, on vient de découvrir que les amibes sociales Dictyostelium 
  discoideum pratiquent une forme primitive d’agriculture : ces amibes 
  se nourrissent de bactéries et quand la nourriture vient à manquer 
  ou le milieu devient hostile, elles forment une fructification de spores agrégées. 
  Certaines souches vont économiser les bactéries qu’elles 
  consomment et vont les stocker dans leurs fructifications en vue de dispersion 
  pour le cas où le milieu ne contiendrait pas assez de ces bactéries. 
  Cependant, seules 30% des amibes vont faire ces réserves ; on ne sait 
  pas pourquoi (Farrellab et al. 2001; Boomsma 2011; Brillaud 2011; Brock et al. 
  2011). Ces amibes ont aussi domestiqué une autre souche de bactérie 
  qui les protège contre les champignons infectieux (Etienne 2013).
Bactéries 
  et fourmis
  On a vu que les champignonnistes sont associées à des bactéries. 
  De nombreuses fourmis ont des bactéries symbiotes comme les Camponotus. 
  Celles-ci les aide à assimiler des acides aminés, mais aussi facilitent 
  leur défense immunitaire (de Souza et al. 2009). 
  On découvre actuellement l’importance des microbes (unicellulaires, 
  bactéries, virus) dans le monde vivant : ils jouent un rôle fondamental 
  dans les écosystèmes. Par exemple, chez l’homme il y a deux 
  kilogrammes de bactéries dans le tube digestif et l’équilibre 
  de cette microflore est une garantie de santé. La flore microbienne cutanée 
  est aussi particulièrement variée. C’est ainsi que certaines 
  personnes ont une flore plus attractive pour les moustiques anophèles 
  transmettant le paludisme (Anonyme 2012). En agriculture l’élimination 
  des pathogènes au bazooka des biocides aboutit à une disparition 
  du microbiome et de tous ses effets bénéfiques. On connaît 
  les mycorhizes des plantes supérieures, mais on découvre aussi 
  qu’il y a des bactéries qui viennent compléter le rôle 
  des champignons, par exemple en réduisant la consommation d’eau, 
  ce qui est très important en cas de sécheresse (East 2013). Les 
  fourmis peuvent aider à la bonne santé des plantes. En effet elles 
  secrètent des antibiotiques 
  soit directement soit par leurs bactéries (Voir les glandes 
  des fourmis). Cela soigne au moins 14 maladies des plantes. On a par exemple 
  transplanté des fourmis rousses dans une plantation de pommiers, cela 
  réduit l'apparition de deux maladies (Offenberg et Damgaard 2019; voir 
  Claudet 2019).     
  
Discussion
  Les fourmis sont-elles nuisibles aux plantes ?
  Il n’y a pas de réponse simple. La fourmi 
  de feu est considérée comme très nuisible, en particulier 
  à cause des piqûres qu’elle inflige, mais dans certaines 
  conditions elle peut être utile. On a ainsi montré que sur les 
  plans de coton en serre, que si les aphides sont plus nombreux, ils sont mieux 
  protégés par la fourmi de feu qui exerce une plus forte prédation 
  sur les chenilles défoliatrices. Le bénéfice peut être 
  de 10% en production de coton (Styrsky and Eubanks 2010). Les attines font partie 
  des écosystèmes tropicaux et ne détruisent pas la forêt 
  autour de leur nid, mais en monoculture, elles deviennent très nocives. 
  On a introduit au Gabon une petite fourmi, Wasmannia auropunctata (fourmi 
  électrique ou petite 
  fourmi de feu car elle a une piqure très douloureuse) pour protéger 
  les cacaoyers. Mais par malchance c’est une espèce invasive qui 
  se répand partout dans le monde tropical… On sait aussi que les 
  fourmis peuvent transporter des pathogènes des plantes, par exemple dans 
  les cacaoyères, Pheidole megacephala disperse les champignons 
  nuisibles du genre Phytophtora.
  Il faut considérer les écosystèmes en fonctionnement dynamique 
  où la biodiversité est fondamentale. On a vu que la biodiversité 
  favorise le maintien des écosystèmes comme la savane africaine 
  et cela semble être une loi universelle. D’une manière générale, 
  elle favorise l’adaptation aux changements et décroît l’émergence 
  et la transmission de pathogènes comme cela a été montré 
  sur la tique responsable de la maladie de Lime (Keesing et al. 2010; Le Hir 
  2010). Voir plus
Plantes 
  invasives et fourmis
  On connaît de nombreuses plantes invasives. On a étudié 
  les Solidago et on a observé que la richesse en espèces 
  et en nids de fourmis était plus faible dans les zones envahies (Lenda 
  et al. 2013).
Notion 
  de coévolution
  C’est une notion très importante. La coévolution désigne 
  les transformations qui se produisent au cours de l'évolution de deux 
  espèces vivantes suite à leurs influences réciproques. 
  Les plantes qui étaient protégées par des fourmis étaient 
  avantagées et ont été sélectionnées. De même, 
  les fourmis qui ont su s’adapter à la vie sur ces plantes ont été 
  sélectionnées au cours de l’évolution. Voir en introduction 
  l'article de Nelsen et (2018) qui ont fait une étude comparée 
  de l'ADN de fourmis et plantes.
Communication 
  entre plantes et fourmis ?
  On sait depuis peu que les plantes peuvent communiquer entre elles, par exemple 
  émettre un signal d’alarme volatil à destination des plantes 
  voisines quand elles sont attaquées par un herbivore (un insecte le plus 
  souvent). On vient de montrer que l’arabette des dames (Arabidopsis 
  thaliana) perçoit les vibrations émises par une chenille 
  de Pieris rapae en train de manger et qu’elle répond en 
  émettant du glucosinate et des anthocyanines qui rendent la feuille indigeste. 
  Si on émet le signal vibratoire la plante réagit de même. 
  Elle est même capable de différencier ce signal d’un chant 
  d’insecte ou du bruit du vent, donc de savoir si c’est dangereux 
  pour elle (Appel and Cocroft 2014).
  Quand une plante myrmécophyte est attaquée par un défoliateur, 
  cela provoque des vibrations qui font sortir les fourmis et les feuilles endommagées 
  émettent des substances volatiles que les fourmis perçoivent et 
  qui ont un effet attractif. Il s’agit selon les espèces de terpènes, 
  aldéhydes, alcools, cétones. Dans un cas, on a trouvé aussi 
  du méthyle-salicylate (= essence de Wintergreen, odeur de pomme sûre, 
  très utilisée en parfumerie et arômes alimentaires, précurseur 
  de l’aspirine, acide salicylique) (Blatrix 2010; Blatrix and Mayer 2010). 
  La plante semble être capable de détecter la présence des 
  fourmis. Cela a été montré chez un Piper qui ne 
  produit des corps nourriciers qu’en présence des fourmis (Blatrix 
  2010).

Un autre exemple : la plante à tabac. Quand la plante se fait boulotter par une chenille elle dégage une odeur qui attire fourmis et punaises qui mangent la chenille (selon Les insectes en bande dessinée Tome5)
Références
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