Fourmis invasives

« Des fourmis adeptes de la mondialisation » selon Luc Passera

Alain Lenoir - Mis à jour le 12-Mar-2024

Espèces : Fourmi d'Argentine (Linepithema humile) - Fourmi de feu (Solenopsis invicta) - Fourmi folle jaune (Anoplolepis gracilipes) - Fourmi à grosse tête (Pheidole megacephala) - Fourmi électrique (Wasmannia auropunctata) - Fourmi fantôme (Tapinoma melanocephalum) - Fourmi des pharaons (Monomorium pharaonis) - Fourmi folle noire (Paratrechina longicornis) - Fourmi folle rousse (Nylanderia fulva) - Lasius neglectus - Fourmi rouge (Myrmica rubra) - D'autres espèces -

Thèmes : Caractéristiques des invasives - Pourquoi des fourmis deviennent-elles invasives ? - Compétition entre invasives - Invasives et lutte biologique - Des invasives qui disparaissent - Le coût des espèces de fourmis invasives - Lutte contre les fourmis invasives -

Invasives ou envahissantes ? Selon Alice Fournier (la biodiversité en péril, La Recherche n° spécial déc19-févr20) on peut séparer les deux, mais je parlerai le plus souvent d'invasives ...

Dans Les fourmis, de Sabine Boccador, Fleurus 2021 :

La mondialisation a des conséquences importantes pour l'homme. De nombreuses maladies, transmises d'humain à humain (virus, hépatite, rougeole..) ou par des insectes comme les moustiques (dengue, chikungunya, paludisme..) se propagent très rapidement dans le monde entier. Frédéric Joignot (2018a) estime que cette mondialisation a commencé en 1493 avec l'arrivée de Christophe Colomb aux Caraïbes, les espagnols apportant variole, grippe et rougeole. Il écrit que "La mondialisation est aussi biologique". Il écrit aussi que le plastique est devenu "une nouvelle espèce invasive", en particulier dans les océans (2018b). En Nouvelle-Zélande les colons ont introduits de nombreuses espèces comme des bourdons (Goulson) ou la guêpe Vespula vulgaris qui attaque les fourmis Prolasius advenus (Sciences et Avenir mai 2011). Voir plus sur les envahiseurs dans le livre de Vincent Albouy "Etonnants envahisseurs". Nous sommes de plus en plus confrontés à des envahisseurs. C'est ainsi que chez nous, dans le Béarn, il y a un rossignol du Japon échappé d'une volière qui s'est implanté et vit très bien (voir photo plus loin). Les invasions biologiques ne datent pas d'aujourd'hui ! On découvre par exemple que notre moineau domestique a envahi les Amériques à la fin du 19ème siècle avec les colons européens après avoir été considéré comme très nuisible en Europe dans les annés 1830. Il est d'ailleurs en dégringolade dans les villes, par exemple à Paris en 13 ans (de 2003 à 2016) sa population a chuté de 75% (La Hulotte n°112, nov 2021).
Une nouvelle synthèse sur les invasions biologiques dans le monde (Angulo et al 2021). Analyse sur 243 pays pour toutes les espèces invasives (animaux et plantes). Le record est pour les USA (hors outre-mer) avec 523 espèces. La Polynésie, La Réunion et la Nouvelle-Calédonie sont entre 170 et 190 espèces. Tapinoma melanocephalum (fourmi fantôme), arrive à 40% des pays. Cette espèce se disperse comme IP = Ignorant possessions = passagers clandestins. Rappelons le travail d'Arnan et al (2021) qui montre que les fourmis invasives occupent en Europe des niches climatiques vides.

Les espèces invasives de fourmis mettent en péril les écosystèmes du monde entier. De Rebecca Dzombak (National Geographic, 25 janvier 2023)

La notion de supercolonie. Une revue par H. Helanterä. La définition de supercolonialité n'est pas claire.
- Elles se reproduisent par fission des colonies ("budding") ce qui conduit à former de la polydomie et des déplacements d'ouvrières entre nids.
- Les accouplements sont intranidaux ou localisés près des nids, ce qui augmente la polygynie.
- Elles sont écologiquement dominantes
- Pourtant, souvent il n'y a qu'une faible parentèle entre les individus, ce qui laisse la place à de la compétition. On a des exemples de larves de Formica cannibales envers des oeufs. Cela pourrait être une explication à la rareté des espèces supercoloniales, mais en même temps les avantages expliquent le maintien de ce type de colonialité.
Néanmoins elles ne sont pas toutes invasives et toutes les fourmis invasives ne sont pas supercoloniales.
L'auteur fait un tableau récapitulatif des espèces supercoloniales. La fourmi d'Argentine forme les supercolonies les plus grandes connues sur plusieurs continents. Pour les Tapinoma il y a T. sessile et T. melanocephalum, mais pas encore T. magnum. En Europe il y a par exemple Lasius neglectus, Monomorium pharaonis.

Le coût des espèces invasives
Gros travail sur le coût des invasions biologiques animé par Franck Courchamp publié dans Nature (Diagne et al 2021) sur la littérature en anglais et Science of the Total Environment sur la littérature dans des langues autres que l'anglais (Angulo et al 2021).
Sur le premier article, selon Pham (2021) : "Une étude chiffre les dégâts causés par les espèces envahissantes à près de 1300 milliards de dollars pour ces 40 dernières années. Introduites volontairement ou non par l’homme dans un nouveau milieu, les espèces envahissantes sont des espèces exotiques qui deviennent nuisibles dans leur nouvel habitat, explique au HuffPost Franck Courchamp, co-auteur de l’étude et directeur de recherche au CNRS.
Et de plus en plus d’invasions d’espèces surviennent, déclare le chercheur. En cause d’abord, la croissance des échanges de marchandises qui accompagnent l’accélération de la mondialisation. “Une espèce invasive de fourmis peut voyager avec des plantes ornementales, des larves de poissons peuvent être introduites dans les eaux de ballast des navires”, avance Franck Courchamp. Le réchauffement climatique joue également un rôle, en facilitant la survie d’espèces importées de régions plus chaudes du globe." "Aux Etats-Unis, rien que les attaques des fourmis de feu entraînent une centaine de milliers d’hospitalisations et 100 décès par an, pour un coût annuel de 6 milliards de dollars."
En ce qui concerne la littérature dans 15 langues autres que l'anglais, c'est très impressionnant, il y encore plus de données (2550 vs 2306 pour les coûts), cela ajoute 249 espèces invasives et 15 pays non encore répertoriés, cela accroit le coût de 16,6%. La langue la plus utilisée est l'espagnol, le français ensuite, l'arabe pas du tout ! Il apparait que la littérature en anglais introduit des biais dans tous les domaines, par exemple le coût en Europe est très sous-évalué. Voir aussi Thiberge dans Le Monde du 31 mars 2021 : "les chercheurs ont épluché plus de 850 articles scientifiques... près de 1 300 milliards de dollars (1 108 milliards d’euros) auraient été perdus en l’espace de quarante ans... Mais ce chiffre pourrait n’être que la partie immergée de l’iceberg. « Ce coût global est très largement sous-estimé, explique Franck Courchamp. Plus de 90 % des espèces envahissantes ne sont pas encore évaluées. »"

150 espèces de fourmis ont été signalées hors de leur aire native et 30-35 sont installées de manière durable (Passera 2006). Passera parle d’espèces envahissantes, mais on utilisera l’anglicisme "invasives". Ce sont les « tramp species » ou fourmis vagabondes. On compte actuellement 241 espèces de fourmis introduites hors de leur zone native (Bertelsmeier et al 2017). Le laboratoire de Franck  Courchamp travaille plus généralement sur les espèces invasives. "Quelles espèces, parmi la myriade de celles que comptent la faune et la flore, ont les caractéristiques requises pour être potentiellement envahissantes ? C'est tout le sens du travail de « profilage » auquel se sont livrés l'écologue et son équipe. Huit ans d'un labeur acharné, qui a abouti à une première publication, avant l'été, dans la prestigieuse revue « PNAS »" (Fournier et al 2019, Bertelsmeier et al 2013, Verdo 2019). Cleo Bertelsmeier, maintenant à Lausanne continue le travail sur les invasives.

En 2000, la liste des 100 organismes envahissants les plus dangereux au monde établie par l’Union internationale de la conservation de la nature (IUCN) comprenait 14 espèces d’insectes parmi lesquelles 5 espèces de fourmis (Lowe et al. 2000) : Anoplolepis gracilipes (fourmi folle jaune, yellow crazy ant), Linepithema humile (fourmi d’Argentine, Argentine ant), Pheidole megacephala (fourmi à grosse tête, big-headed ant), Solenopsis invicta (fourmi de feu, fire ant), Wasmannia auropunctata (the little fire ant, petite fourmi de feu).
En 2005 on y ajoutait trois autres espèces (Passera and Aron 2005) : Tapinoma melanocephalum (fourmi fantôme, ghost ant), Monomorium pharaonis (fourmi des pharaons) et Solenopsis geminata (fourmi de feu tropicale). D’autres ont suivi depuis.
En 2015 l'IUCN déclarait 13 espèces de fourmis parmi 19 espèces les plus invasives : Acromyrmex octospinosus, Anoplolepis gracilipes, Brachyponera chinensis, Monomorium floricola, Monomorium pharaonis, Myrmica rubra, Paratrechina longicornis, Pheidole megacephala, Solenopsis geminata, Solenopsis invicta, Tapinoma melanocephalum, Technomyrmex albipes et Wasmannia auropunctata. Toutes ces fourmis deviennt l'objet de commerce mondial comme animaux de compagnie (Gippet et Bertelsmeier 2021).
En 2016 l'Union Européenne a défini une liste de 37 espèces de plantes et animaux invasives contre lesquelles il faut lutter en prioirité, mais pas de fourmis (Herzberg 2016b). Il ne faut pas oulier que d'autres insectes sociaux sont invasifs comme des guêpes Polistes dominula (poliste gaulois de nos régions, invasif en Amérique du Nord et Australie) et Vespa velutina (frelon asiatique), le termite de Formose Coptotermes formosanus (de Taïwan, originaire de Chine, arrivé en Louisiane avec les soldats à la fin de la deuxième guerre mondiale). Même l'introduction de l'abeille domestique en Amérique a eu des conséquences importantes sur les abeilles locales (Breed 2016).

Dispersion des fourmis invasives. Un article important de Cléo Bertelsmeier à Lausanne a permis de montrer que les fourmis se sont dispersées sur le globe en suivant deux grandes vagues du commerce international, soit de 1850 à 1914 et de 1970 à nos jours (7sur7.be 2017, Affentranger 2017, Bertelsmeier et al 2017). On y apprend aussi qu'Acromyrmex octospinosus champignonniste de Guadeloupe considérée comme invasive ne l'est pas. Dans nos régions, les transports de fleurs en pot sont sans doute le principal moyen de dispersion. Selon Claude Lebas (mail du 4 novembre 2017) les vans pour chevaux seraient aussi une voie importante en Languedoc Roussillon pour Lasius neglectus. Selon Peter Wohlleben (2017, p.225) les palettes de bois insuffisamment chauffées pour être déparasitées offrent aux vagabonds de multiples opportunités pour traverser les océans. Le moustique tigre se déplace en co-voiturage depuis Barcelone dans toute l'Espagne selon Eritja et al (2017). Cleo Bertelsmeier a aussi fait une simulation de la progression prévisible des fourmis invasives en France avec le réchauffement climatique. Les ports d'entrée seraient surtout Biarritz, Toulon et Nice. La côte sud-ouest serait la plus touchée. Lasius neglectus et la fourmi d'Argentine auraient l'expansion la plus forte, suivies de Solenopsis richteri, Pheidole megacephala et Wasmannia auropunctata (Bertelsmeier and Courchamp 2014). Cleo Bertelsmeier a analysé des données collectées dans les ports maritimes et les aéroports des États-Unis et de Nouvelle-Zélande (Bertelsmeier et al 2018), elle déclare : "j’ai observé qu’une grande majorité des espèces transportées par l’homme ne proviennent pas de leur territoire d’origine, mais de régions précédemment colonisées. C’est notamment le cas dans 75% et 90% des fourmis entrant respectivement aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande. Ces résultats laissent présager une augmentation des invasions biologiques sur le globe dans le futur, ce qui n’est pas très bon signe." (Mange 2018)

 

Les activités humaines transforment radicalement la circulation des êtres vivants sur la planète, y compris les microorganismes (bactéries, champignons, micro-algues) avec des répercussions probables sur les écosystèmes et les populations. On trouve par exemple une dispersion considérable de l'interféron de classe 1 qui favorise la résistance aux antibiotiques (Zhu et al 2017, voir Luk 2018).

Les fourmis invasives occupent des niches climatiques vides selon Arnan et al (2021). Une rechercche sur les bases de data sur 134 espèces fréquentes en Europe de l'ouest a été réalisée, 130 natives et 4 introduites (Lasius neglectus, Linepithema humile, Cardiocondyla emeryi et Pheidole megacephala). Le climat n'est pas le facteur déterminant pour les invasions, c'est plutôt les niches vides. Il est intéressant de noter que l'espèce la plus observée est Tapinoma cf nigerrimum qui correspond souvent à la nouvelle invasive T. magnum.

Turbelin (et al 2017 - voir aussi Courchamp 2021) ont analysé les bases de données de 2016 sur les espèces invasives animales et végétales dans divers pays nouvellement industrialisées comme Chine, l'Inde et le Brésil et des îles. Parmis les 1517 espèces, on trouve 39% des espèces qui ont été introduites volontairement, 29% involontairement et 22% les deux à la fois. En Nouvelle-Calédonie on trouve 183 invasives, à La Réunion 173. Le record est de 329 pour la Nouvelle-Zélande. Tapinoma melanocephalum est dans le top5 (les 25 plus invasives), elle est présente dans 40% des pays étudiés. Le commerce international de plantes ornementales est le principal responsable d'invasions de fourmis avec sous la rubrique "Horticulture" 116 espèces en Europe. Voir la revue de Xu et al (2022) sur les fourmis invasives en zone tropicale Asie-Pacifique, pays par pays, qui contient au moins 60 espèces invasives, y compris Solenopsis invicta, la plus destructive.

Les serres tropicales sont un milieu très favorable pour les fourmis invasives qui arrivent avec les plantes. Blatrix (et al 2018) en ont fait un inventaire en France et Belgique entre 2014 et 2016. Les oasis aussi accueillent des invasives, par exemple au Maroc (Taheri et al 2020)On trouve des Pheidole megacepha dans des serres

1 - Linepithema humile (fourmi d’Argentine, Argentine ant)
Elle est arrivée du sud du Brésil en 1915 (et pas d’Argentine) sur la Côte d’Azur vers 1900 avec des plantes et s’est installée depuis avec succès. Elle reste cantonnée le long des côtes car elle ne supporte pas le gel. On a décrit deux super-colonies en Europe le long de la côte méditerranéenne et jusqu’en atlantique au Portugal (Giraud et al. 2002). En fait une nouvelle super-colonie a été identifiée en Corse où le l’ai observée à Calvi dans les années 70 (peut-être importée par les légionnaires ?) et au port des Oursinières dans une petite pinède à l'Est de Toulon (Blight et al. 2010). C'est peut-être l'Argentine qui perturbe les radars des autoroutes.. (Pontone 2014). En Corse o
n attribue souvent les dégâts à la fourmi d'Argentine, mais ce sont en fait des Tapinoma, les argentines n'étant que sur la côte et elles semblent bien être les seules fourmis capables de concurrencer les Linepithema (Chauvet 2018).

   

En septembre 2016 j'ai eu l'occasion de voir des pinèdes sur la côte au niveau de Girona entièrement envahies par des fourmis d'Argentine. C'est très impressionnant, il ne reste aucune autre fourmi. Paradoxalement, les fourmilions prospèrent dans cette zone, les fourmis étant abondantes. Mais cela ne suffit pas à limiter les argentines.

Pinède Escalas (près Girone) :

        

En 2016 elle a été trouvée à Nantes (Charrier et al 2020).

Andrew Suarez et son équipe ont examiné 40 sites déclarés infestés en Floride il y a 21 ans. La surface occupée a augmentée de 37% et la quantité de fourmis de 122% (avec des "pitfalls"). Le nombre d'espèces de fourmis natives sur ces site est passé de 14 à 4. En plus d'autres invasives sont apparues comme Brachymyrmex patagonicus et Pheidole flavens (Achury et al 2021)

Pour en voir plus sur la fourmi d'Argentine

2 - Solenopsis invicta (fourmi de feu, fire ant)
C’est une véritable plaie aux USA où elle infeste plus de 140 millions d’hectares. Cela coûte 6,5 milliards de dollars par an. Elle envahit maintenant l’Australie, Taïwan, la Chine, le Mexique et les Caraïbes. Dans les zones infestées, 5% des personnes développent une hyper-sensibilité au venin. Elle est connue pour former des radeaux en cas d’inondation.
Selon Diagne (et al 2021) "Aux Etats-Unis, rien que les attaques des fourmis de feu entraînent une centaine de milliers d’hospitalisations et 100 décès par an, pour un coût annuel de 6 milliards de dollars."
En fait il y a plusieurs espèces comme S. richteri (Black Imported Fire Ant – BIFA) longtemps considérée comme sous-espèce de S. invicta. On la trouve au sud des USA, et serait originaire d’Amérique Sud.
S. saevissima du Brésil est monocalique, mais en Guyane elle forme des supercolonies (Martins et al. 2012; Dejean et al. 2015; Lenoir et al. 2016).
S. geminata (Fourmi de feu tropicale) est dans tout le pacifique sud, a sans doute été transportée depuis le Mexique par les galions espagnols.

Pour en savoir plus


3 - Anoplolepis gracilipes (Plagiolepidini, fourmi folle jaune, yellow crazy ant)
Cette fourmi est facile à reconnaitre à ses pattes très longues et grêles, de grandes antennes et grands yeux et elle fait des mouvements désordonnés très rapides d’où son nom. Elle serait originaire d’Afrique et d’Asie. Elle est invasive en Australie, Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Hawaï, Galápagos, Polynésie française), océan indien (Seychelles, île Christmas, La Réunion). Elle est célèbre pour avoir détruit plus de 20 millions de Crabes rouges terrestres (Gecarcoidea natalis) endémiques de l'île Christmas (au Nord-Ouest de l'Australie et au Sud-Ouest de Java) pendant leurs migrations annuelles. 
Voir la revue de Lee et Scotty Yang (2022) sur cette fourmi qui se trouve du 27°N au 27°S. C'est une revue complète sur cette fourmi, la distribution, biologie, myrmécophiles, effets sur la biodiversité, tous les essais de lutte y compris chimique. Voir plus

    

4 - Pheidole megacephala (fourmi à grosse tête, big-headed ant, the Brown House Ant, coastal brown ant en Australie)
On la trouve un peu partout en particulier dans les îles. En France dans les régions parisienne (Muséum d'Histoire Naturelle de Paris). Dans un zoo de serpents à Saint-Malo (Aligator Bay). A La Réunion pourrait avoir un rôle positif de prédateur dans les plantations de manguiers - voir plus loin (Jacquot et al 2016)

Jean Dorst signalait déjà cette invasion mondiale en 1965.

5 - Wasmannia auropunctata (little fire-ant, petite fourmi de feu, fourmi électrique en Nouvelle-Calédonie)
Wasmannia est originaire d'Amérique tropicale, elle a envahit de nombreuses îles du Pacifique y compris les Galapagos. En présence de Wasmannia le nombre d'espèces de fourmis chute complètement, elle représente 90% à 99% des fourmis quand elle est présente. Elle monopolise les sources de nourriture, il est possible que les autres espèces crèvent de faim. En Israël il y aurait eu une seule invasion (Vonshak et al 2009). Au niveau européen, des nids de cette espèce invasive - originaire d'Amérique centrale et du sud - ont été repérés sous des serres en Angleterre (Geo 21 juillet 2022).
La fourmi électrique a été détectée pour la première fois en France, à Toulon en 2022. france3-regions.francetvinfo.fr 18 octobre 2022. Fourmi identifiée par Olivier Blight.

Voir plus sur la petite fourmi de feu

6 - Tapinoma melanocephalum (fourmi fantôme, ghost ant). Voir Fourmi fantôme
Fourmi tropicale toute petite facile à reconnaître avec son abdomen clair que l’on peut colorer. Elle vit dans les maisons où elle est d’une efficacité redoutable pour recruter des congénères quand elles trouvent une source de nourriture.

 

La répartition de la fourmi fantôme (Bertelsmeier et al 2017)

et pour voir la répartition actualisée (cabi.org). En France elle était connue des serres du Muséum d'histoire naturelle de Paris. J'en ai trouvé dans les serres tropicales du jardin botanique de Nancy en juin 2019. Elle est capable de mobiliser très vite un grand nombre d'ouvrières pour exploiter une nouvelle souce de nourriture (von Aesch et Cherix 2001).

7 - Monomorium pharaonis (fourmi des pharaons)
Originaire sans doute de la région éthiopienne, mais c’est contesté. Elle vit dans les bâtiments bien chauffés des grandes villes (par exemple dans les hôpitaux). En régressions ? À Tours elle était présente dans les années 70 dans divers immeubles, mais semble avoir disparue. Le laboratoire de Wilson à Harvard a été envahi dans les années 60 par cette fourmi (pdf)

Et plus récemment :
8 - Paratrechina longicornis (Plagiolepidini) (Fourmi folle noire, longhorn (black) crazy ant)
C’est une fourmi surtout tropicale, qui peut s’installer jusqu’en Estonie, Suède (habitations, serres). Origine Asie sud-est et Mélanésie (Wetterer 2008). Trouvée en France en 1856 (Nylander), actuellement dans des serres. Les reines isolées produisent des ouvrières diploïdes, clones des reines, et des mâles clones de leur père (Pearcy et al. 2011). C’est l’alliée de Ant-man, le film (2015). Voir Fourmis folles

  


9 - La fourmi folle rousse / fauve Nylanderia fulva (Rasberry crazy ant, tawny crazy ant)
C’est une fourmi originaire d’Argentine et du sud du Brésil qui semble contrarier l’expansion des fourmis de feu aux États-Unis (arrivée en 2002 au Texas). Elle est rousse parsemée de poils rouges et fait de gros dégâts aux matériels électriques. Elle est en expansion rapide et pourrait provoquer plus de dégâts que la fourmi de feu. Voir Fourmis folles

10 - En Europe, Lasius neglectus (Invasive garden ant, super fourmi asiatique, fourmi envahissante des jardins, fourmi aztèque, voir plus)
C’est la fourmi de la Mer Noire selon Fraval (Fraval 2009).
Elle est originaire des steppes d’Asie mineure, sans doute de Lasius turcicus qui a deux formes, d’altitude unicoloniale et de plaine supercoloniale (Cremer et al. 2008; Ugelvig et al. 2008, Ugelvig and Cremer 2012). Les colonies comportent de nombreuses reines de petite taille avec accouplement intranidal (pas de vol nuptial), elles forment des super colonies (jusqu’à 35 000 ouvrières) avec de nombreuses ouvrières « nanitic » de petite taille qui se développent plus vite (Espadaler et Rey 2001). On la trouve beaucoup dans la région lyonnaise (Gippet et al 2021).

À signaler sa progression rapide en France, en Touraine on la trouve dans les jardins de La Riche depuis les années 2000. J'en ai reçu récemment de Montlouis sur Loire, de Saint-Brévin où elle semble détruire les nids de Messor. Elle a envahi le village de Désirat en Ardèche (Plummer 2015). Elle peut faire des dommages aux circuits électriques. On la trouve beaucoup dans la région lyonnaise (Gippet, thèse 2016). Elle se déplace avec les transports de terre, béton lors de travaux (Gippet et al 2017).
Voir tout sur la répartition et la biologie sur le site du CREAF à Barcelone (Espadaler and Bernal 2015). Son expansion pourrait être ralentie par un champignon Laboulbenia formicarum (Tragust et al. 2015), mais je n’y crois pas trop car l'immunité sociale est très forte chez les fourmis. Lasius neglectus est arrivée en Angleterre en 2010. Elle est adaptée aux climats plus frais, par exemple à 30°C elle ne résiste pas bien et est combattue efficacement par les Crematogaster et Tapinoma (Frizzi et al 2017).

       


11 - Myrmica rubra (Fourmi rouge, ruby ant) d’Europe
Notre fourmi rouge est connue depuis 1900 au Massachussetts (Wheeler 1908). Elle semble être devenue invasive aux USA dans le Maine dans les années 50 et actuellement dans 4 autres états (Groden et al. 2005), mais reste multicoloniale (Garnas 2007). On la trouve aussi à Terre-Neuve et au Canada. À Terre-Neuve, avec des analyses génétiques, il y a au moins 4 sources d’importation possibles (Hicks et al. 2014). Pour le bilan de la répartition en Amérique du Nord voir (Wetterer and Radchenko 2011). On l'appelle maintenant
"European Fire ant". Les odeurs de M. rubra font peur aux araignées locales au Canada (voir Araignées).

12 - D'autres espèces
- Diverses espèces deviennent invasives en milieu tropical ou subtropical, par exemple Ooceraea (Cerapachys) biroi (fourmi maraudeuse, clonal raider ant) dans les îles ( Wetterer et al 2012).

- J'ai trouvé dans mon village à Sauvagnon (64230) en avril 2017 Tapinoma magnum, une fourmi originaire de la côte méditerranéenne de Narbonne à Montpellier, en Corse et en Afrique du Nord. Elle a été trouvée aussi dans la banlieue de Bordeaux et elle est signalée comme invasive en Allemagne, Belgique (Ostende) et Pays-Bas. Elle arrive sans doute avec des plants. Voir plus sur T. magnum

- Brachyponera sennaarensis (samsun ant) selon Bertelsmeier et al 2017 :

Brachyponera chinensis (Asian needle ant, fourmi aiguille asiatique) a colonisé les USA dans les années 1930. Elle devient invasive dans les états du sud depuis les années 2000 où elle fait reculer la fourmi d'Argentine. C'est une fourmi qui se nourrit de termites Reticulitermes flavipes. Pour lutter contre cette fourmi on teste de leur donner des termites empoisonnés avec du fipronil. Ce serait plus efficace que des appâts avec "moins" de pollution environnementale... bof .. (Buczkowski 2016). Aux USA on a étudié la progression de cette fourmi dans les forêts apalachiennes où elle est en concurrence acec Aphaenogaster rudis et A. picea. Hélas les seuls refuges pour les deux espèces locales sont l'altitude et les zones plus nordiques où B. chinensis ne supporte pas le froid. Peu encourageant pour la lutte contre les invasives !

- Tapinoma sessile, la fourmi odorante, d'Amérique du Nord est aussi envahissante dans certaines zones.

- Tetramorium bicarinatum, originaire d'Asie du Sud-Est, introduite un peu partout en pays tropicaux et en France dans les serres tropicales. Cyril Astruc, pour sa thèse a effectué des tests d'agression entre fourmis originaires du Japon (locales) et du Brésil (invasives) et n'a pas observé d'agressivité entre colonies (unicolonialité) alors qu'elles sont très agressives envers d'autres espèces.

Et toujours de nouvelles :
- Trichomyrmex destructor (fourmi de Singapour) dans les oasis du Maroc (Taheri et al 2020)
- Plagiolepis alluaudi.
- T. immigrans en concurrence avec l'espèce locale Tetramorium caespitum dans la vallée du Rhône.

- selon Seifert (2020) : Plagiolepis invadens dans le groupe P. schmitzii. Une super-colonie dans un jardin en Allemagne et qui envahit la maison en 2016.
- Cardiocondyla emeryi (Wetterer 2012).
- Brachymyrmex patagonicus, espèce d'Amérique du Sud, envahissante dans le sud des USA (depuis 1976, et aussi Asie, Espagne et Martinique), par exemple au Texas. Pourtant, contrairement aux principales fourmis invasives qui sont unicoloniales, c'est une fourmi qui reste multicoloniale avec des colonies monogynes très agressives entre elles, parfois à moins de 2,5 mètres, avec 400 à 800 colonies /ha. Chaque colonie garde un profil cuticulaire propre bien différencié. L'agression intercoloniale est cependant liée plutôt à la différenciation génétique plutôt qu'aux différences chimiques. Elle est sans doute liée à un petit nombre de composés (Eyer et al 2021). On la trouve avec une autre invasive Pheidole flavens en Floride (Achury et al 2021).
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Technomyrmex brunneus (Dolichoderinae) au Japon. Fourmi d'Asie de sud, elle a envahi de nombreuses îles au Japon, Corée, Bornéo et Nouvelles-Guinée. Au Japon elle forme une supercolonie dans l'une des îles, mais sans réduction de diversité génétique comme c'est le cas en général dans les supercolonies (Putri et al 2021).

Parmi les fourmis vendues dans le monde il y a 57 invasives, reconnues comme les plus invasives au niveau mondial par l'IUCN : Acromyrmex octospinosus, Anoplolepis gracilipes, Brachyponera chinensis, Monomorium floricola, Monomorium pharaonis, Myrmica rubra, Paratrechina longicornis, Pheidole megacephala, Solenopsis geminata, Solenopsis invicta, Tapinoma melanocephalum, Technomyrmex albipes et Wasmannia auropunctata (Gippet et Bertelsmeier 2021).

13 - Le cas des îles
Pour plus d'infos sur les envahisseurs (plantes et animaux) voir le livre de Albouy (2017). On y trouve par exemple le cas de l'île de la Surprise (24 ha) en Nouvelle-Calédonie où les rats qui faisaient des ravages dans les populations d'oiseaux et de reptiles ont été éliminés avec succès sans que cela perturbe la population de fourmis Pdf. Selon Cerdá et al (2012) il y avait sur cette île une seule espèce locale, Pheidole oceanica, qui résiste face à 8 espèces introduites. Voir aussi plus haut le cas de la fourmi maraudeuse Ooceraea (Cerapachys) biroi qui devient invasive dans les îles. Technomyrmex brunneus (Dolichoderinae), Fourmi d'Asie de sud a envahi de nombreuses îles au Japon, Corée, Bornéo et Nouvelles-Guinée (Pitri et al 2021). A l'île de La Réunion Fabrice Blard signalait déjà en 2003 que la moitié des 27 espèces trouvées sont "vagabondes" (Pdf)

Effectivement, les îles sont les premières victimes des espèces invasives. Parmi les 1288 îles accueillant des vertébrés menacés, 1030 abritent également des espèces invasives (Garric 2017).

Caractéristiques des invasives
Toutes ces «tramp species » ont des caractéristiques communes (Passera 1993 version française, 1994) (voir Passera and Aron 2005 - chapitre 15 et Passera 2006 pages 217 et suiv.) :
- propension à envahir de nouveaux biotopes et en particulier les îles,
- unicolonialité (formant des supercolonies sans agression). C’est ainsi que Tapinoma sessile en Indiana change de statut avec l’urbanisation : en milieu naturel elle forme des colonies simples monogynes, monocaliques, et elle devient polygyne, supercoloniale et envahissante en milieu semi-naturel et urbanisé où elle fait disparaître les autres espèces (Buczkowski 2010). Lepisiota canescens native d'Ethiopie est unicoloniale et semble être une invasive potentielle qui a déjà envahi l'Afrique du Sud et est arrivée à Darwin en Australie. Il n'y aurait qu'une vingtaine d'espèces unicoloniales.
- commensales de l’homme,
- très polygynes avec des reines à durée de vie très courte s’accouplant dans le nid sans vol nuptial,
- multiplication par bouturage,
- et enfin ouvrières toujours stériles.
Pourtant, selon Passera, un seul caractère leur est propre : la dispersion par les activités humaines.

Selon Bertelsmeier (et al 2017) les espèces de petite taille et dont les colonies comportent plusieurs reines sont plus enclines à se répandre.
En conséquence il y a perte de la diversité génétique et les flux de gènes entre supercolonies sont faibles. C’est ainsi que les Wasmannia d’Israël proviennent d’une seule reine d’Amérique du sud (Hefetz). Ces fourmis changent facilement de profil d’hydrocarbures cuticulaires «You are what you eat» comme cela a été montré chez Linepithema qui intègre des alcanes des grillons donnés au labo (Liang and Silverman 2000). On vient de montrer aussi que le frelon asiatique invasif en France, malgré une grande homogénéité génétique, présente des variations de profils cuticulaires, indiquant une grande flexibilité (Gévar et al 2017).
Tapinoma sessile, une fourmi native des USA, où elle forme des petites colonies monocaliques dans un seul nid avec une seule reine, et qui devient invasive en zones urbanisées (polydomie, polycalisme). La stucture génétique est extrêmement plastique pour cette espèce. L'urbanisation entraîne une restriction du flux de gènes et une forte pression de sélection (Blumenfeld et al 2021).

Héritabité des hydrocarbures : chez Monomorium pharaonis en élevage au laboratoire les hydrocarbures ont peu d'héritabilité, ce qui semble indiquer qu'ils sont sujets à sélection. C'est sans doute ce qui explique qu'en élevage en laboratoire ils varient facilement, cela pourrait etre une caractéristique des fourmis invasives (Walsh et al 2019). Ce ne serait pas le cas de Tapinoma magnum qui garde longtemps en laboratoire son profil d'hydrocarbures (Lenoir et al 2022).

D’une manière générale, les fourmis invasives peuvent perturber les mutualismes, voir la synthèse de Kiers et al. 2010.
Les invasions biologiques s'accompagnent aussi de modifications du microbiote intestinal comme c'est le cas pour le termite Reticulitermes flavipes originaire de Louisianne et introduit en France au cours du 18ème siècle (Dedeine et al 2017).

Pourtant bonne nouvelle selon Cleo Bertelsmeier : Le Journal du Jura (2020) Les espèces invasives les plus dangereuses sont les plus casanières. journaldujura.ch 15 octobre 2020.
"Cleo Bertelsmeier, professeure assistante au Département d’écologie et évolution de l’UNIL, et sa doctorante Olivia Bates ont voulu savoir si les espèces introduites les plus invasives sont les plus aptes à coloniser de nouveaux climats. Pour ce faire, les biologistes ont évalué, en collaboration avec Sébastien Ollier, du Laboratoire Ecologie, Systématique, Evolution de l’Université Paris-Saclay, la niche climatique de 82 espèces de fourmis provenant du monde entier. Résultats: "Nous avons pu démontrer que les espèces les plus néfastes pour l'être humain et l’environnement s’aventurent paradoxalement le moins dans des climats auxquels elles ne sont pas exposées dans leur zone native. En d’autres termes, les espèces les plus dangereuses sont plus frileuses et moins expansionnistes que les autres", commente Cleo Bertelsmeier, citée dans le communiqué. Ces résultats constituent une bonne nouvelle, comme le relève Olivia Bates, première auteure de l'article: "Puisque les espèces invasives les pires sont peu enclines à coloniser de nouveaux climats, leur propagation spatiale est prévisible. Il suffit de se baser sur l’ensemble des conditions climatiques dans leur aire native pour élaborer un modèle prédictif qui identifie les endroits sur Terre présentant des conditions climatiques similaires, propices à l’espèce".
(Bates et al 2020)

Pourquoi ces fourmis deviennent-elles invasives ? C'est une question sans véritable réponse pour le moment. Calcatera et al (2016) ont étudié Solenopsis richteri et Linepithema humile dans leur région native en Argentine. Les deux espèces cohabitent avec 47 autres espèces sans problèmes. Les auteurs émettent l'idée que ces fourmis sont écologiquement flexibles... C'est peut-être lié aux changements de milieu comme Tapinoma sessile en Indiana qui change de statut avec l'urbanisation (voir plus haut Buczkowski 2010). Pourtant, selon l'équipe de Franck Courchamp, il est possible de prédire la probabilité que certaines fourmis soient invasives selon leur profil écologique et leur attribuer le caractère de "profiler" (Fournier et al 2019. Voir Courchamp 2019 avec la liste des fourmis super-invasives (probabilité >80%) et des invasives potentielles (10 à 30%) Liste (Acromyrmex octospinosus de Guadeloupe avec 0% est éliminée de la liste des invasives)

Le succès de T. immigrans (espèce cryptique) face à T. caespitum serait lié à des accouplements multiples en particulier avec des mâles de l'autre espèce. Voir une synthèse sur le genre Tetramorium en France de M. Cordonnier.
"T. immigrans est présente essentiellement dans la partie plus méditerranéenne de la zone étudiée, tandis que T. caespitum est présente exclusivement au nord des vallées du Rhône et de la Saône, dans des environnements plus froids et secs. En outre, T. immigrans est largement représentée dans les microhabitats anthropisés (béton, bitume, graviers), alors que T. caespitum est présente essentiellement dans des sols végétalisés et très abondante en dehors des villes. T. immigrans n’est probablement pas une espèce native du sud-est de la France. Bien que la période à laquelle cette espèce aurait été introduite en France ne soit pas connue précisément à l’heure actuelle, nos résultats suggèrent qu’elle n’est pas présente de longue date dans les zones urbaines les plus au nord de sa distribution, à la frontière du territoire de T. caespitum. Ainsi, ces deux espèces coexistent dans une zone de contact visiblement récente, qui constitue un environnement optimal pour étudier d’éventuels processus d’hybridation entre elles. En étudiant l’ADN mitochondrial et nucléaire des individus collectés, nous avons montré l’existence d’une hybridation fréquente dans la zone où ces espèces coexistent, avec de nombreux croisements desquels résulte une progéniture fertile. Cependant, nous n’avons recensé aucun descendant de mâle hybride : seules les reines hybrides semblent produire une progéniture viable, suggérant que les mâles hybrides ne sont pas viables ou sont stériles. Ce résultat pourrait être lié à l’haploïdie des mâles, bien que de futures recherches soient nécessaires pour confirmer cette hypothèse. nous avons détecté chez ces deux espèces un système d’accouplement monogyne et polyandre : chaque colonie descend d’une reine unique accouplée avec un ou plusieurs mâles. De plus, les reines T. caespitum s’accouplent parfois avec quatre mâles différents (contre un ou deux pour les reines de T. immigrans), augmentant donc les probabilités de s’accoupler avec un mâle appartenant à l’autre espèce."

Des mâles plus gros et plus efficaces chez T. immigrans :     

Vol nuptial et polyandrie interspécifique chez  les deux espèces : 

Marie-Monique Robin dans son livre La fabrique des pandémies (2021) émet une hypothèse à propos des espèces invasives : "Plusieurs études suggèrent que les rongeurs généralistes ont une certaine plasticité génétique, avec des récepteurs capables de se lier à de nombreuses maladies, mais aussi de les transmettre. Ils sont aussi associés à des environnements perturbés, peut-être du fait d'un avantage évolutif qui leur permet de s'adapter à des habitats variés et de vivre à proxilmité des humains.". Est-ce que les fourmis invasives seraient aussi plus plastiques génétiquement ?

Compétition entre invasives
Tapinoma nigerrimum semble combattre efficacement la fourmi d’Argentine (Blight et al. 2010), mais elle devient aussi une peste.. On la trouve dans les bouches du métro à Lyon et même en Belgique. T. nigerrimum est souvent considérée comme nuisible mais elle mange les larves de la mouche des fruits Ceratitis capitata dans les vergers de citronniers en Italie (Calabre). Les autres fourmis (Messor structor, Camponotus aethiops et Formica fusca) très peu efficaces contre l'Argentine (Campolo et al. 2015).
La compétition Tapinoma magnum / fourmi d'Argentine est réelle. Christain Foin me dit "avec Claude [Lebas] nous avons vu un affrontement entre deux énormes colonies de Linepithema et de Tapinoma. J’y aurais passé la journée à les regarder. C’était une guerre de positions et une guerre chimique. Deux armées d’une quinzaine de cm de large face à face avec un no man’s land entre les deux." (Christian Foin, mail du 9 novembre 2019).

Cleo Bertelsmeier dans le laboratoire de Franck Courchamp à Orsay a travaillé sur la compétition entre 4 espèces de fourmis invasives en les testant en laboratoire par des combats entre deux espèces. Les espèces utilisant des armes chimiques (Wasmannia auropunctata et Lasius neglectus) sont bien meilleures que les autres qui utilisent leurs simples mandibules (Pheidole megacephala qui perd toujours en combat à deux et Linepithema humile). P. megacephala a cependant des ressources puisque en combat à quatre elle laisse les autres s'entretuer pour prendre la place ensuite (Stratégie de Napoléon selon Herzberg) (Bertelsmeier et al. 2016). Voir l'article du Monde (Herzberg 2016a Pdf), Le Journal du Dimanche (Bellet 2016 Pdf) et Le Figaro (Nothias 2016 Pdf).

Compétition entre la fourmi d'Argentine et la fourmi aztèque Lasius neglectus. Ces deux espèces invasives sont amenées à se retrouver de plus en plus souvent en compétion en Europe. Des chercheurs espagnols et polonais ont étudié en laboratoire cette compétition. Elles utilisent deux stratégies connues chez les fourmis : la stratégie du bourgeois, où l'on change d'agressivité en fonction de la dominance numérique, et la stratégie du cher-ennemi où l'on accepte l'autre avec territoire partagé (Trigos-Peral et al 2020).

Des préjugés
Attention aux idées préconçues et non vérifiées : les invasives font disparaître les fourmis natives comme à Port-Leucate où ne subsistent que 2 espèces devenues très rares (Passera 2006). Cependant, à Madère (Açores) Pheidole megacephala puis Linepithema humile sont censées avoir éradiqué toutes les espèces natives. En fait, c’est faux, ces deux espèces occupent 0,3 et 6% de l’île, et n’ont jamais occupé plus de 10%. Sur 10 espèces natives, 9 sont encore présentes (Wetterer 2006). Aux Galapagos la communauté des fourmis comporte 29 espèces dont 22 introduites ; surtout S geminata et W auropunctata. Mais les fourmis natives survivent encore !! (Peck et al. 1998).

Vive les envahisseurs ?
C'est un peu iconoclaste mais parfois on peut se demander si les envahisseurs ne sont pas une solution à la destruction d'écosystèmes perturbés. C'est ainsi qu'à Hawaï un oiseau envahisseur aurait plutôt un rôle positif dans la dispersion des graines... (Herzberg 2019).
Il faut sans doute s'inspirer de ce que dit le philosophe Baptiste Morizot "On a longtemps cru qu'il fallait exploiter plus efficacement la nature pour améliorer nos conditions de vie humaine; on commence à comprendre, que pour atteindre cet objectif, il faut apprendre à mieux cohabiter avec les autres créatures de la terre." (Vincent 2016)

Invasives et lutte biologique
Les fourmis invasives peuvent même avoir un rôle dans la lutte biologique. Cela a été étudié à La Réunion dans des plantations de mangues où Pheidole megacephala et Solenopsis geminata mangent beaucoup d'oeufs de la mouche des fruits Zeugodacus cucurbitae (Jacquot et al 2016). Ces mêmes P. megacephala sont aussi de bons agents prédateurs des larves du charançon du café Xylosandrus compactus à La Réunion (Ogogol et al 2017).

Des invasives qui disparaissent
Des fourmis invasives peuvent disparaitre spontanément sans intervention humaine, c'est ce qu'ont observé M Cooling et B Hoffmann en Australie sur la fourmi folle jaune (yellow crazy ant, Anoplolepis gracilipes) entre 2003 et 2014, une invasive qui pose beaucoup de problèmes (Cooling and Hoffmann 2015). Cette disparition pourrait être due à des virus, et d'autres bactéries pathogènes (Cooling et al 2016).
Intéressant, cela me rappelle une observation de Luc Passera qui signalait que la fourmi d'Argentine semble régresser spontanément sur la côte méditerranéenne vers Leucate. La fourmi d’Argentine qui avait envahi la Nouvelle-Zélande semble régresser spontanément (Cooling et al. 2012).

A signaler un joli travail de l'équipe d'E. Darrouzet avec S. Aron (Bruxelles) sur la dépression de consanguinité des frelons asiatiques arrivés en France lors d'une seule introduction. Cela aboutit à donner des mâles diploïdes stériles (Darrouzet et al 2015). Est-ce que cela aboutira à une limitation de l'invasion ? A mon avis peu probable, mais ce serait mieux que je me trompe. D'ailleurs je suis très surpris qu'on n'ait pas encore signalé d'autres arrivées..

Le coût des espèces de fourmis invasives (Angulo et al. 2022). Une analyse des coûts sur 1342 rapports dans 27 pays pour 12 espèces de fourmis depuis 1930 arrive à 52 milliards de dollards. 80% de ce total provient de deux espèces emblématiques : Solenopsis invicta (RIFA) et Wasmannia auropunctata. Autres espèces étudiées : Anoplolepis gracilipes, Linepithema humile, Acromyrmex octospinosus, Lepisiota frauenfeldi, Pheidole megacephala, Lasius neglectus, Trichomyrmex destructor et Monomorium pharaonis. Cette estimation est sans doute très sous-évaluée car les données pour les pays en voie de développement sont mal connues.

Le vrai coût des fourmis envahissantes révélé par des chercheurs marocains (bladi.net 2 juin2022)
"Une étude internationale menée par le Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC), et à laquelle ont participé des chercheurs marocains, a révélé que les invasions des fourmis envahissantes ont eu un impact économique négatif sur l’agriculture et la santé publique depuis 1930, entrainant des dépenses estimées à 46 milliards d’euros.
Les fourmis envahissantes perturbent les écosystèmes et sont responsables de la disparition d’autres espèces de fourmis. Mais elles ont également impacté, d’un point de vue économique, l’agriculture et la santé publique depuis 1930, entraînant des dépenses estimées à 46 milliards d’euros. C’est la conclusion de l’étude internationale menée par le CSIC et publiée dans la revue Biological Invasions. Des chercheurs du Maroc, d’Australie, de France, d’Italie, de République tchèque, d’Inde, du Koweït et du Japon ont participé à ces travaux, rapporte Sabemos.
« Les fourmis envahissantes peuvent être très dangereuses pour la santé humaine et pour les animaux de la ferme. […] Son impact peut être très néfaste pour les cultures », explique Elena Angulo, chercheur au Centre biologique de Doñana (EBD-CSIC). Elles perturbent les chaînes alimentaires, diminuent la pollinisation, affectent la production agricole, endommagent les infrastructures et peuvent mettre en danger la santé publique, ajoute-t-elle.
L’étude s’est concentrée sur l’analyse des informations relatives à 12 des 19 espèces de fourmis identifiées comme envahissantes par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sur les 46 milliards d’euros, quelque 9,4 milliards ont été investis dans la gestion des invasions et un montant plus faible dans la mise en place de mesures préventives. Toutefois, « beaucoup de frais de recherche n’ont pas été comptabilisés, car les administrations ne les signalent pas », souligne Elena Angulo, invitant à « une plus grande collaboration » entre les différents acteurs afin de déterminer « le véritable impact de ces invasions et améliorer les stratégies de gestion ». "
(Angulo et al 2022)

Lutte contre les fourmis invasives
Dans les années 1950 aux USA avec l'apparition de nouveaux insecticides, une grande campagne d'éradication de la fourmi de feu a été lancée sur 56 millions d’hectares. Cela a été un échec cuisant. Voir la critique de Rachel Carson dans son livre "Le printemps silencieux" (Carson 1968). E. O. Wilson, le célèbre myrmécologue américain, a d’ailleurs qualifié cette guerre perdue de « Vietnam entomologique » (Wilson 200, p. 236, voir Keller et Gordon 2006 p. 188). Des essais de lutte biologique sont menés depuis des années contre Solenopsis invicta par des champignons, des parasitoïdes (Eucharitidae, mouches phorides) qui n’ont pas suivi lors de la migration. On peut infecter les fourmis avec le champignon pathogène Metarhizium anisopliae, mais elles boivent plus de quinine (self medication), reçoivent plus de trophallaxies (Qiu et al. 2016). C’est de l’immunité sociale, donc la lutte est difficile. Pseudacteon tricuspis et P. curvatus sont des mouches phorides parasitoïdes d'Amérique du Sud qui pourraient limiter la prolifération des fourmis de feu, mais leur effet est minime (Valles et al. 2010; Porter and Calcaterra 2013), même si des essais continuent (Porter et al 2018). Pierre Jolivet écrivait déjà en 1986 que la lutte avec les parasitoïdes « semble sans espoir » (Jolivet 1986, p. 187).
En Nouvelle-Calédonie, il est sans doute déjà trop tard pour stopper l'invasion (tahiti.info 2017). Attention aux effets pervers : en Nouvelle-Zélande, la fourmi d'Argentine fait disparaître les Monomorium antarcticum locales. L'imidaclopride abaisse l'agressivité des Monomorium et au contraire augmente celle des Argentines, ce qui augmente leur chance de se répandre (Barbieri et al 2013, voir Bossy 2013).

Hoffmann a fait le bilan de 316 campagnes d’éradication pour 11 espèces d’invasives, hélas avec des insecticides puissants comme le fipronil (qui pose des problèmes pour les abeilles !), l’hydraméthylnone (pour cafards et fourmis), des régulateurs de croissance (pyriproxyfène et méthoprène). Il note 144 succès surtout en Australie mais uniquement sur très petites surfaces (Hoffmann et al. 2016).
Des essais de lutte sont conduits actuellement avec des produits comme des extraits de thé, soit les feuilles soit les restes après usage, contenant diverses molécules toxiques comme des polyphénols sur Paratrechina longicornis, Anoplolepis gracilipes (fourmis folles) en Malaise (Dieng et al. 2016).
Contre Tapinoma melanocephalum (fourmi fantôme), la fourmi d’Argentine et la fourmi des pharaons à Taiwan on peut utiliser des solutions avec de l’acide borique à 1% et du sucre, efficace en 4 semaines (Klotz et al. 1996; Luo and Chang 2013).

Daniel Cherix a entrepris la lutte contre "Tapinoma magnum qui a atterri chez nous il y a quelques années. On essaie de trouver une méthode de contrôle efficace. Je viens de recevoir de BalbonaBio à Budapest une mixture avec de l'hormone juvénile et basée sur nos appâts. Pour l'instant les insecticides classiques du type fipronil et spinosad permettent de réduire l'activité mais pas de toucher les reines. La permethrin s'est avérée peu efficace. Donc j'ai obtenu des crédits pour payer des étudiants pour bosser avec moi." (mail du 9 janvier 2020).

et si on laissait faire la nature comme le dit Vincent Albouy ?

Selon Cleo Bertelsmeier : "Nous sommes donc loin d'en avoir fini avec les fourmis invasives - des espèces qui doivent leur formidable succès écologiques à leur organisation sociale et à différentes stratégies comportementales de dominance physique et de monopolisation des ressources." (Les guerres secrètes des fourmis, p.193).

C'est aussi ce que dit Quentin Rome à propos du frelon asiatique "On ne pourra très probablement pas éradiquer ou juguler l'extension du frelon asiatique. D'ailleurs, on y est parvenu pour aucune guêpe sociale. Mieux vaudrait trouver une méthode pour vivre avec." Pdf

Comment les fourmis voyagent ? Dans Minuscules 2 on a une réponse : les fourmis rouges se retrouvent dans un carton en direction de Tokyo où elles vont bien sûr s'installer.

Remerciements. Merci à Laurence Berville pour avoir envoyé des fourmis invasives d'Australie (dans l'alcool bien sûr).

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Rossignol du Japon dans le Béarn :